Notre Club d’hier soir a été marqué par l’intronisation de deux chouettes nouvelles recrues, Mathilde et Marion, avides elles aussi de lectures et de cuvées en tous genres… Nous avons cette fois-ci échangé autour de Karoo de Steve Tesich, une lecture qui nous avait été suggérée par Elisa.
Le pitch
Ce roman est l’odyssée d’un riche consultant en scénario dans la cinquantaine, Saul « Doc » Karoo, gros fumeur et alcoolique, écrivaillon sans talent séparé de sa femme et traînant plusieurs tares émotionnelles. En tant que script doctor pour Hollywood, Saul Karoo mutile et « sauve » le travail des autres. En tant qu’homme, il applique le même genre de contrôle sournois à sa vie privée et se délecte de nombreuses névroses très particulières : son incapacité à se saouler quelle que soit la quantité d’alcool absorbée, sa fuite désespérée devant toute forme d’intimité, ou encore son inaptitude à maintenir à flot sa propre subjectivité. Même s’il le voulait, il ne pourrait pas faire les choses correctement, et la plupart du temps, il ne le veut pas. Jusqu’à ce qu’une occasion unique se présente à lui : en visionnant un film, il fait une découverte qui l’incite à prendre des mesures extravagantes pour essayer, une fois pour toutes, de se racheter.
Nos avis
Elisa nous avait proposé cet ouvrage, celui-ci faisant partie de ses livres phares. Elle était heureuse de pouvoir partager ce coup de coeur avec nous et a même profité de l’occasion pour le relire, en anglais cette fois – et de constater à quel point la traduction française était bonne. Elle adore cette sorte de tragédie grecque qu’est la vie de Karoo, on s’attend d’un instant à l’autre à le voir sombrer, tout en riant franchement.
Anelise n’a pas du tout accroché et n’a pas pu aller au-delà de la page 150. Elle n’a pas eu ce « tilt » qui lui a donné envie de continuer, mais ne doute pas qu’un jour, elle reprendra sa lecture là où elle l’a laissée. Ce n’était peut-être pas le bon moment pour elle de le lire…
Marion croulant sous les lectures, elle n’a pas eu le temps de le lire, mais notre tour de table lui en a donné envie !
Mathilde ne l’a pas fini, mais est très emballée par sa lecture et avait hâte de le retrouver après le Club ! Elle était très heureuse de pouvoir lire de la littérature américaine, car elle n’en a pas souvent l’occasion, elle ne serait pas forcément allée vers cette lecture si on ne la lui avait pas proposée (vive le Club !). Elle était fascinée par ce personnage ignoble qu’est Karoo, pourtant impossible à détester… Le passage avec la lettre de son fils Billy l’a particulièrement touchée.
Tatiana a fait quelque chose qu’elle fait rarement avec un livre : elle l’a arrêté. Elle le trouvait très bien écrit, pourtant, aimait certains aspects du personnage principal (elle aime beaucoup les personnages pétris de défauts, en général), mais c’est l’histoire qui l’a cruellement ennuyée.
Clémence a, pour sa part, adoré ! Elle était totalement plongée dedans, aimait beaucoup le côté cynique et caustique de Karoo qui voudrait vivre sa vie comme un scénario qu’il aurait lui-même écrit, dans lequel il pourrait tout maîtriser. Elle a trouvé que la fin du livre ressemblait beaucoup à sa vie.
Irina a beaucoup, beaucoup aimé. Il y a eu énormément de moments où elle a ri, vraiment, tellement qu’elle voulait les partager avec son entourage. Elle n’a juste pas beaucoup trouvé d’intérêt à sa relation avec Cromwell. Les dernières pages racontant l’épopée futuriste d’Ulysse l’ont passionnée, aussi.
Pour ma part, j’ai trouvé ce livre exceptionnel et n’ai pas réussi à le lâcher pendant deux jours. J’étais absolument fan du personnage de Karoo, à la fois cynique, odieux, et parfois tellement attachant. J’ai noté énormément de phrases que je trouvais savoureuses, hilarantes, très bien vues… J’aimais aussi le fait que les personnages ne soient jamais figés : on ressent des choses différentes à leur égard selon les passages du roman – je pense à Karoo lui-même, mais aussi à Cromwell, à Billy, à Leila…
Les coups de coeur :
AneLise : Le passeur, de Lois Lowry (grand format : École des Loisirs) ; Un manoir en Cornouailles, de Eve Chase (grand format : NIL ; poche : 10/18) ; Sous le compost, de Nicolas Maleski (grand format : Fleuve)
Marion : Sous les branches de l’Udala, de Chinelo Okparanta (grand format : Belfond) ; On ne meurt pas d’amour, de Géraldine Dalban-Moreynas (grand format : Plon) et le dernier opus de la trilogie Mille femmes blanches, de Jim Fergus, Les Amazones (grand format : Cherche Midi)
Mathilde : L’Art de la joie, Goliarda Sapienza (grand format : Le Tripode ; audio : Audiolib)
Elisa n’en a pas eu, lisant en ce moment essentiellement pour son travail.
Irina n’en avait pas, mais a retrouvé le titre d’un polar dont elle nous avait parlé avec passion à un précédent Club ! Il s’agit de La Bête et la Belle de Thierry Jonquet (grand format : Gallimard ; poche : Folio)
Tatiana : Les fureurs invisibles du cœur, John Boyne (grand format : Lattès) ; 22.11.63 de Stephen King (grand format chez Albin Michel ; poche au Livre de Poche) ; Les sept maris d’Evelyn Hugo, de Taylor Jenkins Reid (grand format : Milady)
Clémence : La colline des esclaves, de Kathleen Grissom (grand format : Charleston ; poche : Pocket)
Hermine : Loin d’Alexis Michalik (grand format : Albin Michel) ; Né d’aucune femme, Frank Bouysse (grand format : La Manufacture de livres ; audio : Audiolib)
Et pour arroser tout ça, qu’avons-nous dégusté ?
Même s’il ne s’agit pas de sa région préférée, Anelise a bien voulu nous emmener à Bordeaux avec : un vin blanc Entre deux mers (cépages : Sauvignon, Sémillon et Muscade) et deux vins rouge Cabernet Sauvignon et Cabernet Franc et Merlot. Tous trois de 2018 !
Et pour la prochaine fois, qu’est-ce-qu’on lit ?
Sur la suggestion d’Irina, nous lirons L’âge d’or de Diane Mazloum paru en grand format chez Lattès et en poche au Livre de Poche !