Encore une belle découverte faite grâce à la Masse Critique de Babelio !

Quand Steven Smith sort de prison après avoir purgé une longue peine pour braquage, il n’a qu’une obsession : déchiffrer ce code dont son institutrice, Miss Ile, lui avait révélé l’existence avant de se volatiliser, un après-midi de sortie de classe. Ce code a été inventé par Edith Twyford, autrice prolifique de romans jeunesse pendant la Seconde Guerre Mondiale, telle que sa célèbre série La Clique des Six. Autour d’elle circulent les plus étranges, les plus loufoques et les plus intrigantes rumeurs, à commencer par celle-ci : ses romans écrits dans une langue simpliste n’auraient rien d’anodin, certains mots auraient été choisis avec soin, afin de faire passer des messages secrets…
Steven va tour à tour interroger celles et ceux qui pourraient l’aider à y voir plus clair sur ce code et sur la disparition inexpliquée de Miss Ile – deux choses inextricablement liées selon lui -, à commencer par ses amis d’enfance, Miche et Donna, son frère Colin, une spécialiste de Twyford, le propriétaire de son ancienne maison… Son acharnement à vouloir trouver des réponses attirera l’attention de Lucy, une bibliothécaire aussi émerveillée par les chiffres, les symboles et les acrostiches que lui. C’est à ses côtés que l’enquête va prendre un véritable tournant. De révélations en révélations, de zones d’ombre en eurêka, ce surprenant duo d’enquêteurs, plein d’imagination et d’astuces, avancera dans cette quête jusqu’au grandiose dénouement final.
Vous aimez les romans à suspense ? Les jeux de (fausses) pistes ? Les intrigues à tiroir ? Foncez sur ce roman ô combien étonnant de Janice Hallett ! Un véritable escape game livresque dont vous n’aurez aucune envie de sortir, tant c’est amusant d’être coincé•e entre ses pages. J’ai passé un formidable moment en sa compagnie, me prenant au(x) jeu(x), m’improvisant moi aussi détective féru de jeux linguistiques, cherchant à traquer le moindre indice dissimulé entre les lignes, à décrypter l’acrostiche caché dans un paragraphe, à trouver la clé d’énigmes dont la plus difficile ne s’avèrera pas celle à laquelle vous auriez a priori pensé…
Pour ajouter à son originalité, le roman ne nous offre pas un récit linéaire, classique, mais nous fait lire des retranscriptions de contenus audio enregistrés par Steven sur le smartphone de son fils, Max. Des messages qu’il dictait, se sentant incapable de les écrire, ou des entretiens qu’il enregistrait – parfois à l’insu des personnes qu’il interrogeait. L’autrice a poussé l’idée jusqu’au bout, écrivant certains mots comme ils se prononcent, en censurant d’autres, traduisant certains bruits, comme celui d’une respiration haletante. La forme épouse ainsi le fond de manière incroyablement habile. Vous dire que cela rend l’ensemble d’autant plus intrigant serait un euphémisme…
J’aime ce genre de livre qui capte toute notre attention, qui nous donne envie de nous arrêter au moindre détail, qui nous fait penser penser que chaque mot, chaque chose a sa fonction (un escape game, vous dis-je !). J’achèverai cette chronique par cet autre élément majeur qui a définitivement fait chavirer mon cœur, à savoir, Steven, lui-même. Je me suis tout de suite attachée à cet homme un peu perdu, qui n’a pas eu une enfance heureuse et qui a enchaîné les mauvais choix pour tenter de survivre. J’étais touchée par tout le cœur qu’il mettait dans sa quête. Et mon attachement est allé crescendo, jusqu’à la révélation finale, en apothéose, que je n’avais bien sûr aucunement vu venir…
J’aimerais relire ce livre à l’aune de ces révélations en pagaille dont je connais à présent la teneur. Mais en regardant l’état de ma PAL, je n’ai d’autre choix que de remettre cette envie à plus tard… Tant pis !
Un grand merci aux éditions Denoël et à Babelio pour ce formidable moment de lecture !