En scène : « La délicatesse » de David Foenkinos

Vous l’avez lu, sûrement, ce roman culte de David Foenkinos. Vu son adaptation sur écran avec Audrey Tautou, François Damiens et Pio Marmaï. Si vous aussi, vous êtes touché par la plume de l’auteur – auquel on doit également Charlotte ou encore Le Mystère Henri Pick – poussez les portes du Théâtre du Chêne Noir pour découvrir son adaptation sur scène par Thierry Surace.

Nathalie (Sélène Assaf) et François (Jean Franco) s’aiment, éperdument. Leur amour se scelle avec un coup de foudre et un jus d’abricot, se cristallise avec une bague à l’annulaire et se brise, après cet accident qui coûtera la vie à François. Tout ce qui semblait immuable au fabuleux destin de Nathalie, s’effondre, d’un coup. Elle tente de se reconstruire, faisant fi du manque de subtilité de son entourage, de l’indélicatesse de ce patron qui n’a toujours eu d’yeux que pour elle. Et c’est de la plus surprenante des manières, ou plutôt, aux côtés du plus étonnant des partenaires, que le goût de vivre lui reviendra.

Que cette mise en scène est charmante et audacieuse !

Un exceptionnel trio de comédiens, aussi émouvant que drôle, nous embarque dans le tourbillon de cette histoire dont l’on ne perd pas un rebondissement, dont on ne manque de savourer une réplique.

Sélène Assaf campe une touchante et nostalgique Nathalie, tandis que Jean Franco incarne tour à tour avec brio ces hommes qui peuplent le cœur et l’esprit de la jeune veuve. Aussi à l’aise dans le costume étriqué d’un patron mangeur de Krisprolls que dans les pulls mal fagottés de Markus, Jean Franco se glisse dans plusieurs peaux, très différentes, avec un naturel déconcertant. Jérôme Schoof a, lui aussi, sa partition à jouer, dans le rôle de ce majordome qui semble omniscient, toujours là au bon moment pour apporter un nouvel accessoire ou en retirer un qui n’est plus d’utilité, jaugeant par moments, et avec une ironie tendre, les différents personnages du drame de la vie de Nathalie.

La mise en scène donne un véritable coup de projecteur aux petits détails, qui s’inscrivent jusqu’aux motifs dessinés sur les vêtements, aux couleurs qui se font écho, en passant par un pot de fleur inondé comme sous un puits de lumière, se fanant ou resplendissant au gré des élans du cœur d’une veuve sublime et éplorée. Autant de clins d’œil qui, eux aussi, nous font sourire, parfois à travers les larmes.

Une totale réussite.

La délicatesse, jusqu’au 30 juillet à 15h30 au Théâtre du Chêne Noir, 4 rue Sainte Catherine, 84 000 Avignon