« Délivre-nous du mal » de Chrystel Duchamp

Je découvre Chrystel Duchamp avec Délivre-nous du mal, un thriller à la couverture intriguante, doté de ce titre si judicieusement choisi – vous en saisirez tout le sens, une fois la dernière page tournée… Et vous dire que je n’ai pas réussi à lever le nez de celui-ci du début à la fin serait à peine exagéré.

Nous suivons Thomas, Commandant à la PJ de Lyon sur deux enquêtes, très différentes. Leur seul point commun, de prime abord ? L’horreur absolue. La première est celle de la disparition d’Esther Malori, signalée par sa sœur. Pour elle, il ne peut s’agir que d’un enlèvement. Sinon, pourquoi aurait-elle laissé toutes ses affaires ? Pourquoi tous ces mouchoirs ensanglantés, cachés dans sa cuisine ? Comment expliquer le témoignage de ce chauffeur de taxi ayant déposé une femme correspondant à sa description, dans une usine désaffectée… Les pieds nus ? Alors que l’enquête piétine pendant des semaines, le corps d’une femme est retrouvé pendu, dans cette même usine où Esther avait été déposée avant de se volatiliser pour de bon. Le crâne rasé, la langue coupée, vêtue d’une salopette de cette couleur qui aura son importance dans l’intrigue. Un scénario macabre qui va se répéter avec une autre femme, puis encore une autre… La deuxième enquête qui va venir hanter les jours et les nuits du commandant, c’est celle d’un village frappé par des terribles crises d’ergotisme – une intoxication par l’ergot de seigle, un champignon faisant de terribles ravages -, poussant des habitants à se mutiler, voire, se tuer… Et un malheur n’arrivant jamais seul, les scénarii vont, là aussi, se répéter… Quels peuvent bien être les rapports entre ces deux enquêtes ? Vous le découvrirez en vous emparant de cette petite bombe formidablement haletante, vraiment bien ficelée, fort bien renseignée (j’ai été bluffée par la précision de certaines descriptions, les contextes parfaitement cadrés, qui font penser que l’autrice a fait des recherches avant de se lancer dans cette quête pour le frisson) et portée par des personnages qu’on n’a aussi peu envie de lâcher que le livre en lui-même. Et par-dessus le marché, Chrystel Duchamp a une plume aussi noire que fluide, aussi efficace qu’implacable. Un régal !

J’ai à présent envie de découvrir d’autres romans de cette autrice qui gagne à être connue, sur le champ… Mais ma PAL ne l’entend pas de cette oreille. Cela attendra donc !

Délivre-nous du mal de Chrystel Duchamp, Éditions de l’Archipel

Roman lu et chroniqué dans le cadre de la Masse Critique de Babelio