« La Bibliothèque de Minuit » de Matt Haig

À 35 ans, Nora Seeds a la triste impression d’être passée à côté de sa vie, ou plutôt, de ses vies. Nous la rencontrons à l’aube de ce qui semble être la pire journée qu’elle ait jamais vécue : le patron du magasin dans lequel elle travaille la congédie, pour cause de « Tu fais beaucoup trop la gueule devant les clients ». Son chat Volts se fait écraser par une voiture. Son frère, qu’elle aime tant, s’évertue à ignorer jusqu’à ses appels au secours. Elle pense à son père, qu’elle a perdu jeune, d’un arrêt cardiaque. À sa mère, morte d’un cancer trois ans plus tôt. À ces amis qu’elle n’a pas, qu’elle n’a plus. Pour Nora, l’évidence est là : à quoi me sert-il de continuer ainsi ? Comment en suis-je arrivée là ? À qui manquerais-je si je venais à disparaître ? Et si j’avais choisi d’épouser ce Dan ? Et si j’étais restée dans The Labyrinths, ce groupe de rock auquel l’avenir semblait tellement sourire ? Et si j’avais continué la natation, ce sport dans lequel je me sentais comme un poisson dans l’eau ? Autant de questions auxquelles la Bibliothèque de Minuit, et la bibliothécaire de son ancienne école, vont répondre, en lui donnant un aperçu de ces vies qu’elle aurait pu vivre si elle avait suivi ses choix – ou ceux des autres.

Tout dans ce roman m’attirait : l’intrigue, la couverture (tellement belle) et ce titre plein de promesses, presque magique, magnétique. Et malheureusement, j’ai été assez déçue par ma lecture.

Il est vrai que j’ai apprécié de suivre Nora dans ces différentes trajectoires, de découvrir, avec elle, ce qu’elle aurait pu vivre. Mais j’aurais tant aimé être plus surprise, il n’était pas difficile de deviner l’issue de chacun de ces voyages. Y rester plus longtemps aussi, plutôt que de les expérimenter en surface, afin de m’attacher aux personnages, de m’imprégner de ces univers tous plus différents des autres – on passe d’un concert de rock, à une baignade dans une piscine australienne, en passant par le Groenland, à une vitesse, selon moi, trop fulgurante – et à ressentir les émotions de Nora.

Par ailleurs, ce roman se situe à la croisée de bien des genres : roman de développement personnel, feel good book, texte philosophique et fantastique. Des genres plaisants à lire, mais qui, en se tutoyant ainsi, m’ont donné une impression de fourre-tout et d’éparpillement. Ne boudez pas votre plaisir si vous aimez ce mariage de genres littéraires, ce roman vous plaira très certainement !

La Bibliothèque de Minuit de Matt Haig, Éditions Fayard

Roman lu et chroniqué dans le cadre de la Masse Critique de Babelio