Avec cet épatant thriller psychologique, je fais enfin la rencontre du maître italien Donato Carrisi.

Nous sommes en Italie, dans la ville de Côme, au bord du superbe lac.
Nous suivons trois personnages dont nous ne connaîtrons jamais les noms : tout d’abord, L’homme qui nettoyait marqué par une enfance terrible. Devenu éboueur, il ne se contente pas de ramasser les poubelles des habitants de la ville, mais de les ramener chez lui pour les analyser afin de connaître leurs vies dans ses moindres détails. La seule personne à laquelle il adresse la parole et se confie est Micky, un être mystérieux et sans pitié. La seule à ne pas le considérer comme invisible, aussi.
Il y a ensuite la chasseuse de mouches, une femme qui, depuis la mort de sa fille Valentina, s’applique à venir en aide à des femmes battues.
Et enfin, il y a cette adolescente de 13 ans, la jeune fille à la mèche violette, unique enfant de parents richissimes, traversée de pulsions suicidaires.
Trois personnages dont les destinées vont, bien sûr, se télescoper. Et ce, avec fracas. Des vies parallèles qui se croiseront pour ne plus jamais s’écarter les unes des autres…
Je me suis immédiatement plongée dans l’intrigue de Je suis l’abysse, le nouveau roman de Donato Carrisi. Il recourt à ce procédé classique et terriblement efficace pour la lectrice que je suis : les narrations croisées. Quand on parvient à l’endroit où les trois histoires s’entrecroisent, c’est un délicieux choc, un ébahissement piqué du regret de ne rien avoir vu venir. Du début à la fin, l’auteur excelle à nous manipuler et on en redemande.
Ne pas connaître les noms des protagonistes ne vous empêchera pas, chers lecteurs, de vous s’attacher à celles et ceux dont vous connaîtrez bientôt les moindres pensées, les moindres battements de cœurs. Vous aurez envie de les suivre à la trace, de connaître leurs moindres secrets. Vous vous surprendrez même à ressentir des émotions contradictoires envers certains personnages, à ne plus savoir quoi penser de cette manière d’agir qui ne suit aucun modèle. J’ai apprécié cette fouille précise que fait l’auteur de la psychologie et de l’ambivalence de ses personnages. Aucun n’est tout noir ou tout blanc, ce qui les rend d’autant plus crédibles et humains.
La plume de l’auteur est fluide et agréable à lire. Il prend le temps de dépeindre les décors qu’il plante. Le fait que ses descriptions ne tombent jamais dans le « gratuitement macabre » m’a plu, également.
Vous avez aimé L’empathie d’Antoine Renand et le film Harry, un ami qui vous veut du bien ? Ce thriller signé de l’inventeur du Chuchoteur devrait vous fasciner, vous aussi.
Plongez à votre tour, sans hésiter, dans cet abysse vertigineux !
Je suis l’abysse de Donato Carrisi, Éditions Calmann-Lévy, reçu dans le cadre de la Masse Critique de Babelio