À la recherche de « Badroulboudour » avec le fantastique Jean-Baptiste de Froment

Après avoir dévoré État de Nature, j’avais une hâte folle à l’idée de découvrir le deuxième roman de Jean-Baptiste de Froment, Badroulboudour. Cette fois encore, je me suis bien amusée à lire la plume pleine d’humour et d’ironie de l’auteur ! Un grand merci aux Éditions Forges du Vulcain de m’avoir permis de le savourer en avant-première. Je leur suis d’autant plus reconnaissante qu’elle ont comblé mon cafard post-rentrée de vacances…

Le héros de ce roman, Antoine Galland, est un universitaire spécialiste du travail de son homonyme, le célèbre orientaliste et traducteur des Mille et Une Nuits, et de l’œuvre elle-même – il a même choisi comme sujet de thèse : La Magie dans Les Mille et Une Nuits : explication de quelques trucs. Ce galant même à qui nous attribuons aujourd’hui la paternité des contes Aladin Et La Lampe Merveilleuse et Ali Baba et les Quarante Voleurs. Du moins, selon la légende…

Toujours le nez fourré dans les manuscrits anciens, véritable rat de bibliothèques et incorrigible professeur Tournesol, Antoine Galland reste en marge des réalités de la vie. Au point que sa femme Madeleine, finisse par le quitter.

Au début du roman, il embarque les valises pleines et le cœur brisé pour Alexandrie, flanqué de ses deux petites terreurs filles Aubépine et Garance, direction : le Kloub, un club de vacances au bord de la mer. Une première pour ce père de famille, plus habitué à s’occuper de ses recherches universitaires que de ses enfants.

Dès l’arrivée des vacanciers, les Membres Exquis – sorte de Gentils Organisateurs Pas Si Gentils – inaugurent les festivités en leur lançant un gigantesque défi : débusquer Badroulboudour – véritable nom de Jasmine, la bien-aimée d’Alladin – parmi les estivants… Pour Antoine, qui vient de se séparer de sa femme, c’est un signe. Badroulboudour ? Il ne connaît que trop bien ce nom, cette allégorie de la femme idéale. Elle va devenir son obsession.

Le séjour s’écoule paisiblement, entre dorages de pilule sur transats, virées au Minikloub pour aller chercher les petites, open bar de cocktails et de crustacés. Jusqu’à ce que des événements étonnants se produisent – quelle drôle de coïncidence de voir cet ancien collègue ! Les bizarreries vont continuer à s’enchaîner, jusqu’à ce que l’on finisse par comprendre qu’Antoine Galland n’a pas atterri dans ce Kloub par hasard…

J’ai eu grand plaisir à retrouver le style de Jean-Baptiste de Froment ! Il possède un véritable don pour imaginer et dépeindre des situations loufoques. Certaines m’ont fait rire aux éclats. C’est par ailleurs si bien décrit que l’on s’imagine aisément dans ce Kloub, situé quelque part entre le Camping des Flots Bleus et le Club Med, à siroter des Sex on the beach ou des Making love wildly with Sheherazade. L’auteur nous invite à voguer entre cet univers et celui, magique, du célébrissime chef d’œuvre de littérature orale venant d’Orient, peuple de princesses, khalifes et autres djinns. Un vrai régal ! Je me suis également beaucoup attachée à Antoine, si drôle malgré lui, si maladroit dans tout ce qu’il entreprend, si terriblement étourdi au point d’oublier ses bagages.

L’auteur a fait un grand travail de recherche autour la traduction d’Antoine Galland et nous fait découvrir, avec finesse et drôlerie, plein de choses sur Les Mille et Une Nuits.

Seul petit bémol pour moi : la fin, qui m’a paru un peu tirée par les cheveux, et rapide. J’aurais adoré que la magie opère jusqu’au bout et ne me fasse pas descendre si brusquement de mon tapis volant.

Un deuxième roman à découvrir donc, si vous êtes en quête de dépaysement, de féérie, et d’humour à toute épreuve…

Badroulboudour de Jean-Baptiste de Froment, Éditions Forges du Vulcain