Vous plaisantez, vous n’avez pas vu Monsieur Tanner lors de votre passage au festival d’Avignon ? Eh bien, vous avez manqué un excellent moment…

Adaptée du roman de Jean-Paul Dubois (lauréat du Prix Goncourt 2019 pour Tous les hommes n’habitent pas le monde de la même façon) par David Tesseyre, cette pièce nous fait vivre les petites galères et gros déboires de Paul Tanner, héritier de la luxueuse (et en piteux état) maison de feu son oncle.
Une bâtisse qu’il va, bien sûr, se mettre en tête de remettre sur pied – malgré le coût faramineux de ce si ambitieux projet – en faisant appel à des ouvriers.
C’est le point de départ d’un défilé sans fin de champions du bâtiment qui vont, chacun, lui en faire voir de toutes les couleurs lui promettant tantôt monts et merveilles (travaux réalisés en temps et en heure), tantôt innovations destinées à faire de cette ancienne bâtisse une merveille de technologie.
Du fumeux fumiste au plus-que-pieux électricien en passant par le peintre qui se prend pour un descendant direct de Michel-Ange, tous se révèlent plus bras cassés, fieffés menteurs et définitivement maladroits les uns que les autres. Pour notre plus grand plaisir…
Qu’est-ce que j’ai ri ! Seul sur le chantier, Roch-Antoine Albaladejo incarne cet homme désespéré et chacun des protagonistes de ce désastre domestico-architectural avec la même maestria – mention spéciale pour les différents accents qu’il emprunte, sans jamais tomber dans la caricature.
Vous ne pourrez que savourer ces personnages qui vous feront, allez, forcément penser à quelqu’un à qui vous avez eu affaire – au moins une fois dans votre vie.
Ces situations qui vous rappelleront bien cette mésaventure arrivée à un ami de votre ami qui avait eu le malheur de s’embarquer, lui aussi, dans des travaux. Ajoutez à cela, pour la petite touche finale, l’ironie propre au style de Jean-Paul Dubois qui achève de nous faire rire, rire et rire encore.
J’ai été bluffée par les décors faits, en vrac, de toilettes suspendues, de planches de bois montables et démontables à l’envi, d’accessoires qui vont, au fur et à mesure, revêtir de nouveaux emplois. C’est bourré d’ingéniosité !
Les jeux de lumières et de sons nous entraînent à ses côtés dans les tempêtes qui ravagent son intérieur, s’étant engouffrées par les trous béants au-dessus de la tête, ou dans ces plongées dans un noir absolu, faute d’une électricité qui tient la route.
Depuis sa création en avril 2008 au Théâtre du Cabestan, ce spectacle ne cesse de revenir faire rire Avignon. Et on ne peut que comprendre pourquoi.
À ne pas manquer pour le Off 2022, donc – oui, on a déjà hâte d’y être.
Reposez-vous bien, Monsieur Tanner et à l’année prochaine pour découvrir l’avancée des futurs travaux…
Article publié également sur le blog Baz’art sur lequel j’ai la chance d’officier !