Bookclub d’avril 2021 : « Testament à l’anglaise » de Jonathan Coe

Pour ce nouveau club de lecture, nous avons lu en communion Testament à l’anglaise de Jonathan Coe, sur la suggestion d’Irina ! Un choix qui a fait mouche… Voici plus précisément ce que nous en avons pensé.

Le pitch

Michael Owen, un jeune homme dépressif et agoraphobe, a été chargé par la vieille Tabitha Winshaw d’écrire la chronique de cette illustre famille. Cette dynastie se taille en effet la part du lion dans tous les domaines de la vie publique de l’Angleterre des années quatre-vingt. Voici Hilary Winshaw, journaliste à succès, qui manipule l’opinion publique ; son cousin Mark, qui vend des armes à Saddam Hussein, tandis que l’oncle Henry, lui, affiche son amitié pour Mrs Thatcher et se livre à de subtils jeux de pouvoir au sein du gouvernement… Et si la tante Tabitha disait vrai ? Si les tragédies familiales jamais élucidées étaient en fait des crimes maquillés ? Michael Owen va découvrir des vices et des méfaits d’une ampleur insoupçonnée. Par une nuit d’orage, alors que tous sont réunis au vieux manoir de Winshaw Towers, la vérité éclatera…Révolté, poignant, et d’une irrésistible drôlerie, Testament à l’anglaise est un véritable tour de force littéraire, à la fois roman policier et cinglante satire politique de l’establishment, le tout orchestré avec une précision et une virtuosité diaboliques.

Nos avis

Irina a adoré. C’est, pour elle, le genre de livre auquel on repense une fois celui-ci refermé. Certains passages l’ont fait énormément rire – mention spéciale pour le passage du poulet décapité (peut-être pas très drôle écrit ainsi, sorti de son contexte, mais c’est vraiment exceptionnel) ! Elle émettrait un tout petit hic : elle pense que les récits écrits par deux personnes différentes auraient gagné à être rédigés dans un style différent.

Tatiana ne sait pas trop ce qu’elle a pensé de ce livre. D’un côté, elle l’a trouvé très bien écrit, prodigieusement construit, de l’autre, elle a été embêtée par la lecture de certains passages qui lui ont paru fastidieux, un peu rébarbatifs (ceux faisant la part belle à la politique, par exemple). Elle a apprécié que le roman ne se termine pas en love story convenue, en total happy ending.

Elisa a adoré ce mélange d’humour noir très anglais, de cynisme, et cette satire sociale extrêmement juste et actuelle – tellement que cela en devenait glaçant, parfois -, cette critique du gouvernement en vigueur, du capitalisme. Ce livre nous fait, en plus, découvrir une histoire de l’Angleterre qui n’est pas très connue de nous.

Sophie : cela faisait longtemps qu’elle voulait découvrir ce roman et elle n’a pas été déçue ! Plus elle y repense, plus elle se rend compte à quel point il est excellent. Il est drôle, mais il fait aussi réfléchir, fait passer des messages. Elle a beaucoup apprécié le fait qu’une thématique de la société soit abordée à travers chaque chapitre, à travers chacun des personnage – l’agroalimentaire, la presse, la politique… – tous plus abjects, plus pourris les uns que les autres. Ce roman lui a paru très dense, très riche. Elle pense qu’il gagnerait à être relu à la lumière de ce que l’on a découvert au fur et à mesure. Le mélange des genres, aussi, lui a plu avec ce virage vers le roman policier à la fin.

Mickaël était très content de découvrir cet auteur, il n’avait jamais osé – peut-être en raison de l’épaisseur de ses romans -, ni eu l’occasion de franchir le pas auparavant. Le club lui a permis de le faire et il en était très heureux ! Il a trouvé ce roman très drôle, très bien construit avec ses différents niveaux de lectures, ses chapitres qui se répondent, ces échos systématiques. Rien n’est laissé au hasard. Il a aimé la finesse du style, des intrigues. Il trouve également que ce roman est très actuel : il a été écrit il y a près de trente ans et n’a pas pris une ride pour autant.

Clémence : a beaucoup aimé, elle aussi ! Pour elle, la haine cordiale domine les relations entre les personnages de ce roman. Elle a tout de suite été plongée dans l’ambiance, avec ce dîner inaugural où frères et sœurs semblent obligés de se côtoyer, par pur intérêt, alors qu’ils ne peuvent clairement pas se voir en peinture. Elle a apprécié également la construction du récit, le fait que tous les détails finissaient par se rejoindre. Elle trouvait que c’était une bonne critique de la société actuelle et qu’à travers lui, on se rendait compte que rien ne changeait…

Hermine : pour ma part, j’ai passé un excellent moment en la compagnie de ce roman, de ces personnages tous plus cinglés les uns que les autres. Je ne les ai pas trouvés caricaturaux, pour moi, ils représentaient de parfaits archétypes : la journaliste prétentieuse et odieuse, capable de n’écrire que des horreurs, le directeur de galerie charmeur, macho et terriblement faux-jeton… Je n’avais aucun mal à les imaginer. J’ai aimé le fait que l’auteur nous surprenne au détour de chaque chapitre, fasse se télescoper les histoires aussi subtilement. On va de surprises et surprises. J’ai trouvé ça drôle (coup de cœur pour le détective privé lubrique) et terriblement intelligent. Je vais m’empresse de découvrir d’autres livres de cet auteur !

Les coups de cœur

Irina : La belle amour humaine de Lyonel Trouillot

Elisa : L’hôtel de verre de Emily St. John Mandel

Sophie : Cent millions d’années et un jour de Jean-Baptiste Andrea (dont je vous avais parlé ici, vous vous souvenez ?) et Les porteurs de Catherine Kueva

Mickaël : L’accident de chasse de Landis Blair et David L. Carlson

AneLise : Le châle de cachemire de Rosie Thomas, Et le ciel sera bleu et Si loin des siens de Tamara McKinley

Tatiana : Échange : Loft londonien contre cottage bucolique de Beth O’Leary

Hermine : Trois vœux de Liane Moriarty

Et pour la prochaine fois, qu’est-ce qu’on lit ?