Quelques questions à Antoine Renand

Je vous parlais il y a peu de mes lectures des deux polars d’Antoine Renand, Fermer les yeux et l’Empathie, tous deux prodigieusement bien ficelés. J’ai eu la chance de lui poser quelques questions autour de son travail et je le remercie vivement pour ses réponses !

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1) Pouvez-vous nous parler de la genèse de ce second roman ?

Fermer les yeux est une histoire que j’ai écrite au départ sous la forme d’un scénario destiné au cinéma. Bien que le film ait failli se monter, des obstacles ont fait que le projet n’a pour l’instant pas abouti.

Après la parution de L’Empathie, mon premier livre, j’ai décidé de reprendre cette histoire et de la transformer en roman. Cela a nécessité un gros travail d’adaptation car un roman et un scénario ne sont pas du tout écrits de la même façon.

2) Comment faites-vous pour donner une telle véracité à votre récit ? Vous documentez-vous avant de vous lancer dans l’écriture ? Avez-vous déjà assisté à des procès, par exemple ? Suivi des enquêteurs de police ?

Je me documente toujours après avoir choisi un sujet. Dans le cas de Fermer les yeux, j’ai assisté à des procès, lu des comptes-rendus d’audiences et divers livres traitant d’erreurs judiciaires. L’un de mes amis proches est gendarme et je discute régulièrement avec lui de son travail. Pendant l’écriture, je l’appelais ou lui envoyais des tas de SMS dès que j’avais des questions sur la gendarmerie ou sur les procédures.

3) Comme Nathan, pensez-vous que les serial killer portent leur folie dans le drame de leur enfance, de leur passé ?

Ce n’est pas du 100% car il existe des exceptions… Toutefois, je partage cet avis sur cette tendance très nette : nombre de prédateurs ont eux-même subi des sévices durant l’enfance et inversent d’une certaine façon la situation une fois devenus adultes. Il s’agit d’un vrai problème, qui ne concerne pas que les tueurs en série.

4) La Guêpe, Alpha…Vous semblez apprécier de donner des noms génériques à vos redoutables personnages, est-ce une manière de les déshumaniser ?

Peut-être, je n’y avais pas réfléchi sous cet angle… Dans les deux cas, les surnoms de ces personnages se sont imposés très vite. Leurs pseudos, en eux-mêmes, donnent un éclairage sur leurs personnalités.

Il y a un passage vers la fin de L’Empathie où le nom véritable d’Alpha est dévoilé aux enquêteurs et au lecteur, et j’aime bien ce moment car cela lui donne, en effet, une identité soudain plus ordinaire. Alors qu’il s’agit d’un personnage charismatique et effrayant, son prénom assez commun et son nom le démystifient.

5) Entre rythme implacable, personnages attachants, scènes très réalistes… On sent que vous maîtrisez parfaitement les codes de l’écriture de scénario. Pour vous, écrire un scénario et écrire un roman relève-t-il du même exercice ?

Ce sont deux arts voisins, avec des points communs et de nombreuses différences. Dans ces deux formes de narration, l’auteur doit bâtir une intrigue et caractériser ses personnages ; on retrouve donc beaucoup de similitudes au début du travail. En revanche, le rythme d’un roman est différent de celui d’un script. Et le livre impose un énorme travail littéraire, qui est une dimension fondamentale.

6) Fermer les yeux faisait partie de la sélection du Prix Babelio 2020, L’Empathie en version poche est actuellement en lice pour le Prix des Nouvelles Voix du Polar Pocket, vous avez reçu le Prix Gouttes de Sang d’Encre… Vous attendiez-vous à un tel succès ? (Je vous souhaite tout le mieux pour ce nouveau roman, au passage !)

La chose dont je suis heureux avant tout est que les deux romans aient trouvé leur public. Que de beaucoup de personnes les aient lus et continuent de les découvrir, et que ces histoires suscitent des réactions fortes.

J’étais extrêmement heureux de gagner le Prix Gouttes de Sang d’encre, d’autant qu’il était décerné par des centaines de lecteurs. J’aimerais beaucoup que L’Empathie ait le prix Nouvelles voix du polar… On verra !

7) Un troisième roman en route ?

Je suis en train de l’écrire et il devrait normalement sortir courant 2021. Pour l’instant, le sujet est secret…

8) Question bonus : quel est LE polar que vous conseilleriez pour les vacances à ceux qui nous liront ?

Je vous conseille le livre finaliste face à L’Empathie pour le prix Nouvelles voix du polar : Bleu Calypso, de Charles Aubert. Je suis en train de le lire, j’ai beaucoup de plaisir à découvrir cet univers et je pense que c’est un roman parfait pour se détendre pendant les vacances, ou à un autre moment.