Récompensé par le Prix Sapir 2016 du Meilleur Premier Roman en Israël, Voyou d’Itamar Orlev est en partie inspiré d’une histoire vraie, celle du réalisateur polonais Ami Drozd.
Ce roman a été écrit à partir des entretiens que son propre père, Uri Orlev, écrivain lui aussi, avait eus avec le réalisateur, et qu’il avait enregistrés vingt ans auparavant avec un magnéto-cassette.
Itamar Orlev songeait au départ à intituler ce roman sur lequel il a travaillé pendant plus de dix ans : « Ton père, ce salaud »…
Nous sommes à Jérusalem, en 1988. C’est Tadek Zagourski, père de famille et auteur en devenir, qui nous raconte son histoire : celle d’un fils qui, à 36 ans, part retrouver son père qu’il n’a pas vu depuis vingt ans. Au début de ce roman, Tadek a été quitté par sa femme et son jeune fils, et est en proie à une profonde remise en question.
Pourquoi est-il ce raté que décrit sa femme ? Pourquoi n’arrive-t-il à être ni un mari, ni un père ? Comment faire pour se rapprocher de son fils, quand lui-même, a été détruit par son père ? Comment briser l’adage du « père manquant-fils manqué » afin d’être un modèle pour son enfant qu’il appelle le gamin, tant il se sent éloigné de lui, malgré tout l’amour qu’il lui porte ?
Autant de questions qui le poussent, malgré lui et à la totale incompréhension de sa famille, à faire ce voyage de Jérusalem à Varsovie, la ville de sa grise et terrible enfance, à remuer des souvenirs lointains et douloureux, à se confronter à ce monstre qu’était son père… Cette brute qui lui a volé son enfance en le rouant de coups, lui, ses trois frères et soeurs Robert, Ola et Anka, et sa mère, ce père qui le terrifiait par ses colères, sa violence, son alcoolisme. Avec qui, en même temps, il pouvait rire aux éclats dans d’interminables bagarres. Qui délaissait sa mère pour d’autres femmes, jusqu’à mener une double-vie. Qui jouait au violon comme un virtuose. Ce père qui l’a fait souffrir et qui l’a fait rire, aussi.
Nous débarquons avec Tadek, à Varsovie. Vingt ans plus tard, Stefan Zagourski n’a pas changé d’un iota, malgré la solitude et la rupture avec sa famille. Dans sa maison de retraite pour anciens combattants, le vieillard misérable qu’il est devenu n’a pas perdu ses mauvaises habitudes, à commencer par cette tendance à avoir la main lourde sur la vodka et à asséner des coups à ceux qui ont le malheur de le contrarier. Nos valises déposées, il est temps à présent de prendre notre courage à deux mains, d’aller lui rendre visite et d’entendre ce qu’il a à nous dire…
Un premier roman émouvant et dur sur la filiation et le pardon, qui nous fait parcourir Israël et la Pologne, ainsi que différentes époques, comme la Seconde Guerre Mondiale et la Guerre Froide.