Prix du Meilleur Roman Points #7 : « Désintégration » d’Emmanuelle Richard

Après La légèreté en 2014 et Pour la peau en 2016 – pour lequel elle a obtenu les Prix Anaïs Nin et Marie Claire du Roman Féminin -, Emmanuelle Richard publie Désintégration aux Éditions de l’Olivier en 2019. Le fait qu’il fasse partie de la sélection du Prix du Meilleur Roman Points m’a permis de faire la rencontre d’un style vif, incisif et cruel.

9782757875643 (2)

La narratrice est une étudiante qui vit de petits boulots sordides qui n’ont en commun d’être pris non par envie, mais par souci d’échapper à la précarité. Guidée par sa passion pour l’écriture, elle sent qu’elle finira par apercevoir le bout du tunnel, même si celui-ci est encore loin devant… Avant, en effet, il y aura les débuts de mois qui auront des allures de fins, des humiliations à répétitions, des envies de vengeance contre une société qui favorise toujours les mêmes. Sans arrêt sur la corde raide, elle côtoie deux mondes sans réussir à trouver sa place nulle part : entre celui des bourgeois intellectuels et des pauvres qui font tout pour s’en sortir mais qui sont condamnés à traîner, de manière sempiternelle, leur rocher de Sysiphe.

À dire vrai, on ne vivait pas, on survivait (…). Nous nous croyions seuls à vivre de cette façon et pourtant nous étions le nouveau siècle.

Dans ce roman, rien n’est tout noir ou tout blanc, tout est question de nuances. On voit transparaître en filigranes, derrière chaque prise de parole de la narratrice, la façon de penser de l’autrice elle-même. L’auto-fiction n’est jamais loin. Le propos ne m’a pas passionnée, c’est surtout le style percutant de l’autrice qui m’a chamboulée : avertissement cependant à ceux qui sont sensibles au style brut, trash, électrique, parfois violent. Mieux vaut peut-être passer votre chemin. On est ici loin du conte de fées, proche du roman social où rien ne prête à rêver.

Ce roman m’a fait penser à L’Été circulaire de Marion Brunet, dont j’avais également apprécié le style droit au but, le refus des fioritures, l’envie de dire les choses comme elles sont : en les nommant, tout simplement.

Désintégration d’Emmanuelle Richard, en grand format aux Éditions de l’Olivier et en poche aux Éditions Points