Immense coup de coeur pour Les fillettes, le troisième roman de Clarisse Gorokhoff paru aux éditions des Équateurs. Les fillettes, ce sont Justine, Laurette et Ninon que Rebecca et Anton ont eues ensemble, coup sur coup. Pif paf pouf. Les trois petites preuves vivantes de leur amour absolu.
Avec elle, Anton s’était dit qu’il aurait la vitesse et l’ivresse. Tout le reste serait anecdotique, périphérique, microscopique. Avec cette fille, il y aurait de l’essence et du mouvement, des soubresauts incessants.
Il y a tant de choses que Rebecca aime dans la vie : ses fillettes, son mari qu’elle a rencontré dans la salle d’attente de sa psy, écrire, boire des bières, enchaîner cigarette sur cigarette, inventer des mots, et – malheureusement -, les opiacées. Tant d’autres qu’elle ne peut supporter : les contraintes, le travail tel que l’entendent les autres, se lever le matin, arriver à l’heure aux sorties d’école, les ardoises à rallonge chez le pharmacien, les gens qui essaient de lui apprendre ce qu’est la réalité, ce que doit être la sienne. Rebecca aime plus que tout voir ses filles rire, les inviter à faire l’école buissonnière et rester à la maison pour faire des crêpes, inviter Chignan, le Sans Domicile Fixe qu’elles croisent tous les jours, à venir regarder le Club Dorothée avec elles. Avec Rebecca, chaque jour est une fête, malgré ce voile qui traverse parfois son regard et qui la fait passer en un éclair de la lumière à l’obscurité, malgré ces démons qui rôdent autour d’elle, infatigables, bien décidés à ne jamais la laisser en paix.
– Maman, pourquoi la mer est bleue ? Pour faire pâlir d’envie la lune.
– Où va le soleil quand il fait nuit ? Il part réveiller les étoiles.
– Pourquoi les hommes et les femmes se marient ? Pour avoir une bonne raison de ne plus s’aimer.
– Comment on fait les bébés ? On défait les lits et on compte jusqu’à neuf.
Les chapitres s’enchaînent et nous font entendre les voix des fillettes, nous transportent dans leurs pensées. Nous accompagnons Laurette à l’école et Ninon à la crèche, serrés dans le camion d’Anton entre elles et les pots de peinture. Nous errons avec Justine qui n’a pas osé sonner au portail de son école, motif : énième retard. Nous restons aussi aux côtés de Rebecca, à la maison, plongés dans les vapeurs de cette journée qui, décidément, ne passe pas, cette journée lourde de la promesse qu’elle s’est faite la veille, d’arrêter tout ça. Nous travaillons avec Anton sur ce chantier à Versailles, chez les Delattre semblant tous tout droit sortis d’une pub pour Cyrillus. Nous sommes assis devant le Club Dorothée à nous goinfrer de crêpes. Nous nous régalons des rires des trois fillettes, de leurs regards tellement remplis à rabord d’amour pour leur maman.
Ce livre m’a tellement chamboulée, tellement bouleversée, que j’ignore comment décrire ce qu’il a éveillé en moi. Une vague déferlante d’émotions que je n’avais pas ressenti depuis En attendant Bojangles d’Olivier Bourdeaut, le genre de bourrasque qui essuie nos larmes pour laisser place aux sourires, avant de les faire disparaître à nouveau. J’ai corné tellement de pages de ce livre, souligné tellement de phrases, à tel point que mon exemplaire ressemble au polycopié d’un exposé. Il y a une force dans ce roman, que seul l’amour peut offrir.
Chère Clarisse, vous avez écrit-là la plus belle lettre d’amour du monde à Rebecca et nous avez, par la même, fabriqué un cadeau, à nous lecteurs, une merveille de tendresse, de sensibilité.
Trois fillettes peuvent-elles sauver une femme ? Avec des cris, des larmes, peut-on pulvériser les démons d’une mère ?
Chers lecteurs, je vous ai donné envie de lire ce livre ? Voilà qui tombe fabuleusement bien car les Éditions des Équateurs me permettent de faire gagner un exemplaire de ce trésor. Pour cela, rendez-vous sur mon compte Instagram, sur le post qui ressemble à ça :
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Concours valable uniquement pour les personnes résidant en France métropolitaine.