« My absolute Darling » en version audio : quel Tallent cette Marie Bouvet !

Après une première lecture de My absolute Darling de Gabriel Tallent (2017, Gallmeister) en version papier, j’ai eu ce sentiment désagréable d’être passée à côté de quelque chose. J’en avais entendu tant de bien – dont de François Busnel qui parlait du roman le plus puissant qu’il ait lu depuis des années, tout de même -, que j’ai pensé que le moment de ma lecture avait forcément été mal choisi, qu’il fallait que je le relise pour dissiper ce sentiment de profond malaise qui ne me quittait pas depuis que j’avais refermé l’ouvrage. Heureusement, Audiolib nous permettant de découvrir ce titre en audio dans le cadre du Prix, j’ai vite pu revenir sur ma première impression. Et la lecture de Marie Bouvet y est pour beaucoup.

L’histoire…

Elle a bouleversé des milliers de lecteurs, Julia Alveston, alias Turtle, alias Croquette, alias Mon amour absolu, alias, aussi, malheureusement Petite Connasse. Et pour cause. A quatorze ans, elle mène une vie qui ressemble à tout sauf à celle d’une adolescente normale : orpheline de mère, jamais loin de son SIG-Sauer, elle vit avec Martin, un père terriblement autoritaire et oppressant dans une maison perdue dans la forêt. Son quotidien se limite au collège auquel elle va à reculons, n’ayant ni envie de supporter la fausse bienveillance de ses professeurs, ni le contact de ses immatures camarades, à des essais de tirs au fusil avec son père, à des moments à arpenter la forêt – seul endroit où elle se sente bien -, et à des nuits écœurantes où son père abuse d’elle. Jusqu’au jour où elle rencontre Jacob et son ami Glenn, deux adolescents qui vont lui montrer que la vraie vie est ailleurs et ainsi, la libérer.

Déroutant, marquant, âpre, My Absolute Darling ne peut laisser son lecteur indemne. Vous tremblerez pour Turtle, souffrirez pour elle malgré sa grande force, ce côté sauvage qui refuse d’être apprivoisé, sa façon ambiguë de toujours revenir vers son bourreau de père, cette résignation à être maintenue sous son emprise. Parce qu’elle n’a pas d’autre choix. Vous aurez envie de la sauver, de lui crier de s’enfuir, de la prendre dans vos bras et de l’emmener loin, très loin. Vous ressentirez une intense colère contre ce père brutal, pervers, violent qui aime tellement sa fille qu’il l’étouffe, la met en danger. Pour ma part, j’ai ressenti des sentiments mitigés à l’égard de Turtle, ne comprenant pas ce sentiment permanent de culpabilité envers Martin, de ce devoir de ne jamais le quitter qu’elle pense avoir envers lui. Le personnage auquel je me suis le plus attachée, c’était Jacob. J’ai adoré sa malice, sa façon de vouloir faire découvrir à Julia ses auteurs fétiches, ses jeux de mots exceptionnels…

J’ai beaucoup aimé les descriptions de la côte Nord de la Californie, hostile, sublime, livrée à elle-même, à l’image de l’héroïne. De cette vie proche de la nature. Le réalisme des aventures dans la forêt que vont mener les adolescents, de ces récits de lutte pour survivre, m’a frappé.

La narration…

Marie Bouvet m’a complètement emportée par sa lecture. Ses interprétations des différents personnages sont parfaites : celle de Jacob me collait le sourire aux lèvres, de Martin me glaçait, de Julia me troublait et m’émouvait. Mention spéciale pour les intermèdes musicaux qui nous plongent totalement dans l’ambiance de cette partie sauvage des États-Unis.

Merci Marie Bouvet de m’avoir permis de découvrir une autre facette de ce roman, d’avoir illuminé cette noirceur qui l’habitait avec la justesse de votre ton, d’avoir montré que le destin de Turtle était surtout porteur d’espoir.

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