J’ai eu la chance de faire partie des Lecteurs VIP sélectionnés par les Editions de l’Iconoclaste, ayant la merveilleuse tâche de découvrir La Vraie Vie d’Adeline Dieudonné en avant-première…
C’est dans le Démo, un pavillon où toutes les maisons se ressemblent, que nous allons rester le temps de cette histoire. La narratrice, dont on ignore le nom, y vit avec Gilles, son petit frère qu’elle adore, et ses parents qu’elle apprécie… Beaucoup moins. Fuyant autant qu’ils le peuvent une mère effacée plus soucieuse de ses chèvres Cumin, Muscade et Paprika que de ses enfants, et un père violent, craint de tous, passionné de télevision et de Glenfiddich, les deux enfants trouvent refuge le samedi dans une décharge de vieilles voitures où ils s’amusent à leur redonner vie, et chez ce gentil glacier où ils commandent toujours deux boules vanille-fraise et chocolat-stracciatella.
C’est chez ce même glacier que « l’accident » fondateur va se produire. Cet accident qui changera à jamais la trajectoire paisible de leur enfance. L’insouciance de Gilles. Leur amour et leur complicité. Dévastée par cette perte vertigineuse, la narratrice va tout faire pour retrouver l’âme d’enfant de Gilles, à commencer par la fabrication d’une machine à remonter le temps…
Quand une quatrième de couverture me promet un « roman coup de poing », je ne sais jamais à quoi m’attendre exactement. J’ai l’impression qu’il s’agit de ce genre d’expression un peu bateau, que l’on sert généreusement pour caractériser tout et n’importe quoi d’un peu puissant. Alors, je l’ai ouvert, cet incroyable livre coup de poing, et j’ai compris ce que cela pouvait faire d’être atteint en plein coeur, mais aussi, en plein ventre, par un personnage, par une histoire, par un style. J’ai tourné les pages de plus en plus vite, ai suffoqué quand la narratrice manquait d’air, ai retenu mon souffle à chaque apparition de son ogre de père. Mon coeur s’emballait au diapason en présence du Champion. Des larmes de colère m’embuaient les yeux à chaque évocation de la métamorphose de Gilles, de la violence et la cruauté des hommes.
J’ai lu ce roman avec rage, partagée parfois entre l’envie de continuer et la crainte d’aller plus loin, sans cesse aux aguets, me protégeant du drame à venir, que l’on se tait poindre à chaque fin de phrase. L’atmosphère de ce livre nous oppresse, nous enferme, nous prend tout entier. Nous broie parfois. Mais comme dans toute belle histoire, à travers la brume, il y a toujours un rai de lumière et d’espoir, diffus et rassurant. Et c’est cette héroïne magnifique qui en est la source.
Maintenant, je sais précisément ce qu’est un roman coup de poing.