Voici une des plus jolies pépites de la rentrée littéraire 2017 aux éditions de l’Iconoclaste. Lu en version audio par le comédien Guillaume Jacquemont, Ma Reine de Jean-Baptiste Andréa est aussi charmant à lire avec les yeux qu’avec les oreilles.
L’histoire…
Shell est un petit garçon pas comme les autres, loin d’être un génie, encore moins un foudre de guerre. Il vit dans la station service où travaillent ses parents, les aide de temps à autre à servir les clients et ne manque pas une occasion d’arborer le blouson de la marque au petit coquillage jaune et rouge qui a inspiré son nom. Lorsqu’il manque de mettre le feu à la garrigue en fumant sa première cigarette, ses parents décident de l’envoyer en institut. Shell n’a alors qu’une issue : la guerre. Le lendemain, sa décision est prise : il endosse sa tenue de combat – son blouson au coquillage -, emporte son sac-à-dos avec son pyjama de velours vert et quelques victuailles, et part à la guerre, cet endroit inconnu dont il a entendu parler à la télé et qui semble, selon lui, le seul moyen de le faire grandir.
Mais l’endroit où Shell installera son campement ne sera autre que le plateau situé à quelques mètres de la station service. Il n’aura ni la force ni le courage de s’aventurer au-delà, malgré son envie de grandir. Car il l’aime sa vie à la station service et il ne peut se résoudre à s’en éloigner définitivement. C’est une rencontre bien plus grande que celle de l’âge adulte qu’il va faire : celle de Viviane, une petite fille de son âge en vacances dans le coin avec qui il va nouer une amitié précieuse, immense.
Plus qu’une amie, elle va devenir sa « Reine », cet objet de fascination suprême qui nourrira son imagination en lui faisant croire qu’elle vit dans un château, qu’elle a sous ses ordres toutes une armée de domestiques, qu’elle dîne sur des tables immenses au côté de convives taiseux. Comble du mystère, elle l’interdit de chercher à venir la trouver, ce sera toujours à elle d’apparaître et de disparaître, comme par enchantement. Sa guerre, Shell va la mener contre son envie irrépressible de retrouver son amie au risque de rompre le charme, jusqu’à ce qu’un jour, elle disparaisse pour de bon…
Viviane était partie, elle avait emporté nos jeux, nos rires, ses mensonges formidables et ceux que j’aimais moins comme quand elle avait dit qu’elle resterait pour toujours avec moi.
Nous voilà plongés en plein conte de fées, un genre dont on s’amuse à identifier les codes. Les repères spatio-temporels sont brouillés : on ne sait pas exactement où se situe l’intrigue, seulement qu’elle a lieu quelque part, en Provence. Une furtive allusion à l’année 1965 est faite. On y retrouve des personnages comme la Reine aux pouvoirs magiques, capable de disparaître d’un coup de baguette, laissant derrière elle et dans le coeur de Shell de la poussière d’étoile, et le Prince, plutôt gauche, mais néanmoins charmant.
Ce roman m’a enchantée. La personnalité de Shell est irrésistible, terriblement touchante. Chacun de ses mots m’allait droit au cœur, résonnait en moi avec une infinie justesse. Son apparente naïveté cachait à une grande lucidité, celle de l’enfant qui sait, car il est doté de la plus belle des intelligences : l’intelligence émotionnelle.
J’ai voulu expliquer tout ça à Viviane et j’ai dit un truc comme :
– haaaaaan.
Voilà, quand je voulais dire quelque chose d’immense, ça finissait toujours tout petit.
La narration…
La voix de Guillaume Jacquemont se prête parfaitement au récit de Shell. Le jeune comédien incarne à merveille la naïveté de l’enfant, son irrésistible innocence. J’ai été totalement charmée par sa narration, sa voix me semble désormais indissociable de celle du héros. J’ai adoré le petit accent qu’il employait pour mimer la grand-mère. Les chapitres sont entrecoupés d’une musique au piano mignonne comme tout.
La version audio de ce roman est suivie d’un très sympathique entretien avec Jean-Baptiste Andréa. On y apprend qu’il voulait être soit poète, soit paléontologue. Qu’il est aussi inspiré par John Fante que par Umberto Eco. Qu’il écrit un livre comme il écrirait une chanson, tant il est attaché à la musicalité des mots. Qu’il travaille sur l’écriture d’un film et même d’un deuxième roman – Alléluia – et plein d’autres choses intéressantes que vous découvrirez en écoutant le roman !
Pour en savoir plus sur la version audio de Ma Reine, rendez-vous sur la page de celle-ci sur le site d’Audiolib, vous pourrez notamment y écouter un extrait !